samedi 16 novembre 2013

Busan, c'est fini, mais le pèlerinage commence

(Voici un message que la 10e assemblée du COE adresse aux Eglises. Cette traduction française est la version non-officielle faite par Julie, revenue de Busan, pleine de souvenirs - spirituels et matériels -, d'enthousiasmes et de perspectives. Vous pouvez télécharger le document original en anglais en format pdf en cliquant ICI.)




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Message de la 10ème Assemblée du Conseil Œcuménique des Eglises
Entrez dans le pèlerinage de justice et de paix

C’est l’effet de la bonté profonde de notre Dieu :
grâce à elle nous a visités l’astre levant venu d’en haut.
Il est apparu à ceux qui se trouvent dans les ténèbres et l’ombre de la mort,
afin de guider nos pas sur la route de la paix.
(Lc 1,78-79)

Chères Sœurs, chers Frères, nous vous saluons au nom du Christ.
1. Nous nous sommes rassemblés en République de Corée pour la 10ème Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises (du 30 octobre au 8 novembre 2013). Venus des 345 Eglises-membres de la communauté et d’organisations partenaires du mouvement œcuménique, nous nous sommes unis dans la prière, nous avons partagé des nouvelles des communautés locales, et nous nous sommes laissés profondément toucher par des messages forts de souffrance et d’espérance. Nous sommes reconnaissants d’avoir pu rendre publiques un grand nombre de déclarations qui nous engagent. Notre pèlerinage commun s’est esquissé sur le thème « Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix ».
2. Dans la ville de Busan, nous avons marché ensemble sur un chemin de transformation – nous prions qu’en nous laissant nous-mêmes transformer, Dieu fasse de nous des instruments de sa paix. Beaucoup d’entre nous ont voyagé jusqu’à d’autres régions de la Corée où nous avons été témoins des blessures ouvertes d’une société déchirée par le conflit et la division. Nous avons perçu combien la justice est nécessaire à la paix ; combien la réconciliation est nécessaire à la guérison ; et combien la conversion du cœur est nécessaire pour que le monde trouve sa plénitude ! Nous avons été encouragés par les Eglises actives et engagées que nous avons rencontrées ; leur travail porte du fruit en abondance.
3. Nous partageons notre expérience de la recherche de l’unité en Corée comme un signe d’espoir dans le monde. Ce n’est pas le seul pays où le peuple vit divisé, entre pauvreté et richesse, bonheur et violence, bien-être et guerre. Nous n’avons pas le droit de fermer les yeux sur ces réalités cruelles et de nous reposer de notre œuvre de transformation. En tant que communauté, le Conseil Œcuménique des Eglises affirme sa solidarité avec le peuple et les Eglises de la péninsule coréenne, et avec toutes celles et tous ceux qui désirent et œuvrent à la justice et la paix.
4. Dieu, notre Créateur, est la source de toute vie. Dans l’amour de Jésus Christ et par la grâce de l’Esprit Saint, nous, en tant que communion des enfants de Dieu, avançons ensemble vers l’accomplissement du Royaume. Cherchant la grâce de Dieu, nous sommes appelés, dans notre diversité, à être de justes administrateurs de la création de Dieu. C’est la vision du Ciel nouveau et de la Terre nouvelle, où « Christ sera tout en tous » (Eph. 1,23).
5. Nous vivons dans un temps de crise mondiale. Nous sommes confrontés à des défis économiques, écologiques, socio-politiques et spirituels. Dans les ténèbres et l’ombre de la mort, dans la souffrance et la persécution, comme le don d’espérance offert par le Seigneur Ressuscité est précieux ! Par la flamme de l’Esprit qui brûle dans nos cœurs, nous prions le Christ d’illuminer le monde : que sa lumière fasse de nos êtres tout entiers des instruments de compassion pour toute la création, et qu’il nous donne le courage d’affirmer que chaque être humain a été créé à l’image de Dieu. Ecoutant des voix qui viennent bien souvent des marges de nos sociétés, partageons des leçons d’espoir et de persévérance. Engageons-nous à nouveau à travailler pour la libération et à agir en solidarité les uns avec les autres. Que la Parole de Dieu, qui nous illumine, nous guide sur notre chemin.
6. Nous voulons avancer ensemble. Remis en question par les expériences partagées à Busan, nous invitons toutes les personnes de bonne volonté à mettre les talents qu’ils et elles ont reçu de Dieu au service d’actions transformatrices. 
Cette Assemblée vous appelle à rejoindre notre pèlerinage.
Que nos Eglises deviennent des communautés de compassion et de guérison, et que nous semions la graine de l’Evangile afin que la justice croisse et que la profonde paix de Dieu repose sur le monde.
Heureux ceux qui observent le droit
et pratiquent la justice en tout temps !
(Ps 106,3)
Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix !

(traduction non-officielle, 16.11.2013 / jp)

vendredi 8 novembre 2013

Busan, c'est fini...

Il est bientôt minuit ici en Corée, et la 10ème assemblée du COE s'est achevée dans l'après-midi, dans un état de grande fatigue pour la plupart des participants (journalistes suisses compris).


Que retenir de cette première expérience d'un grand rassemblement œcuménique ? Il me faudra sans doute du temps pour assimiler, digérer et faire mon miel de tout ce que j'ai reçu et vécu. Mais voici déjà quelques points qui me restent ce soir : 


La fraternité
Une assemblée du COE, c'est une extraordinaire expérience de fraternité - et, en tant que femme, je dirais volontiers aussi de sororité. Dans une atmosphère de grande bienveillance, chacun sourit, salue, a un petit mot aimable pour l'autre. La confiance s'installe très vite entre deux inconnus ; beaucoup n'hésitent pas à dévoiler leur vulnérabilité, à partager des histoires de vie parfois douloureuses, à demander conseil. J'ai été particulièrement frappée par la dimension concrète, tactile, de cette fraternité : ici on s'embrasse, on s'enlace, on se tient la main, on se regarde dans les yeux. Il n'y a pas de réserve ou de fausse pudeur, mais l'expression à la fois très simple et presque miraculeuse d'un amour qui nous unit tous, qui nous dépasse tous.


La Pentecôte
Je ne viens pas d'une tradition charismatique. L'expérience du parler en langues m'est étrangère (et j'avoue un petit pincement d'envie en entendant des frères et sœurs pentecôtistes raconter la survenue irrésistible de l'Esprit Saint). La prière commune durant ces 10 jours d'assemblée est probablement, pour moi, ce qui se rapproche le plus de cette expérience. Des centaines de langues sont représentées parmi les participants, et la récitation du Notre Père, chacun dans sa langue, fait vibrer la salle de prière dans une atmosphère de Pentecôte. Chaque jour, c'est peut-être à ce moment que la diversité de l'Eglise universelle s'est manifestée pour moi le plus clairement.


La prière
Elle est omniprésente. Chaque jour, chaque séance de travail, chaque étude biblique commence et s'achève par une prière. Liturgies du matin et du soir, prières spontanées des modérateurs de séance ; mais aussi prières inattendues, moments de recueillement partagés autour d'un café ou au coin d'un stand, bénédictions données au détour de couloirs d'hôtel. Autant d'instants précieux, parfois étranges ou déroutants, mais jamais intrusifs ou malvenus.


La remise en question
Elle est parfois violente, surtout pour les délégués venus de pays privilégiés d'Occident. Il est dur d'entendre une pasteure sud-africaine atteinte du sida prendre la parole en plénière pour dire : "Vous les délégués de pays riches, je veux que vous sachiez que c'est à cause de gens comme vous que les gens comme moi meurent." Il est dur d'entendre le démontage en règle des lois économiques injustes imposées par les pays développés pour favoriser leurs propres marchés au détriment des plus pauvres. Il est dur d'entendre une collègue journaliste d'un pays du Sud raconter avec le sourire, presqu'en s'excusant, la censure, le pillage des locaux de la radio où elle travaille, les conditions invraisemblables dans lesquelles elle doit faire parvenir ses chroniques quotidiennes, et conclure : "Que voulez-vous, la mentalité coloniale et les passe-droits des Blancs posent encore tellement de problèmes…" Il est dur d'entendre tant de témoignages d'indifférence (au mieux), d'abandon ou même de cruauté (au pire) et de soutenir le regard de celui qui vous demande en face : "Et vous, qu'avez-vous fait pour moi ?" 


Le col clergy(wo)man
Il n'y a finalement qu'en Europe qu'on en voit rarement ! Il est omniprésent à l'assemblée, chez les ecclésiastiques de tout genre et de toute confession, et certaines dames le portent avec beaucoup de classe.



jeudi 7 novembre 2013

Quelques échos de la 10e assemblée du COE (mise à jour : 12 novembre)

La 10e assemblée du Conseil œcuménique des Eglises, tenue en Corée du Sud depuis le 30 octobre, se dirige vers la fin prévue pour demain, le 8 novembre, et il faudra attendre a priori sept ans pour le 11e rassemblement. Voici quelques échos d'un des moineaux de la 10e Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises (cliquez sur le titre de l'article).
Le troisième article se termine en disant : "Reste à savoir si le Conseil saura se donner les moyens de mettre en œuvre ces propositions et de tirer parti de la créativité de ses délégués". En ce qui nous concerne, il restera à prier et à agir en communion avec la justice et la paix esquissées durant cette assemblée.

mercredi 6 novembre 2013

Arrivée en terre des missionnaires

(Les gens du Vallon découvriront bientôt le texte ci-dessous. Je le mets ici comme une avant-première. A propos du changement de paradigme pour la mission, que je ne fais qu'évoquer dans ce petit billet, je recommande vivement le spectacle "Sur le balcon du baobab" que la compagnie La Marelle propose cette année dans le cadre du 50e anniversaire de DM-Echange et mission, le service des Eglises protestantes romandes pour des projets de mission. Ne ratez pas ce spectacle ; on y rit, on y pleure et le cœur y danse. Cliquez ICI, et vous saurez quand la compagnie passe près de chez vous.)
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« Je viens vivre avec vous. » Les missionnaires du 19e siècle partaient aux quatre coins du monde avec cette parole en tête. Ils voulaient dire par là qu’ils ne venaient pas comme leurs ancêtres des siècles précédents qui arrivaient pour emporter quelque chose, pour emmener quelqu’un. Ils partaient pour vivre avec les gens de là-bas. Apprenant une langue dont ils ne connaissaient même pas l’existence, s’informant sur des us et coutumes inconnus, ils disaient adieu à ceux qu’ils aimaient et qu’ils ne reverraient peut-être plus jamais. Il est vrai que, rétrospectivement, on peut faire des observations critiques sur la manière dont ils allaient en mission. Mais ils partaient avec cette parole ancrée au plus profond d’eux-mêmes : « Je viens vivre avec vous ».

Le paradigme de la mission a beaucoup changé depuis. On n’envoie plus de missionnaires pour implanter une vision du monde ou de l’Église, mais on se rencontre et construit ensemble autour d’un projet qui reflète la vie telle qu’elle s’épanouit. Dans la mission aussi, Dieu nous devance, et en répondant à son appel, on continue l’œuvre qu’il a déjà commencé.

Mon nom le fait deviner, mon visage le confirme, mon accent me trahit. Je viens d’ailleurs, d’un pays lointain, d’une autre culture. Mais je ne suis pas missionnaire ; aucun organisme m’envoie à ce titre (quoique l’EREN m’a « envoyé » dans la paroisse du Val-de-Travers), je n’ai pas de prétention personnelle. Cela dit, la phrase qui accompagnait les missionnaires du 19e siècle me touche. Je viens vivre avec vous cette année en tant que pasteur stagiaire, et j’ai tant de choses à apprendre auprès de vous. J’aime me rappeler cette compréhension de l’Église : « rassemblement extraordinaire des gens extraordinairement ordinaires » (S. Hauerwas). Vous êtes les missionnaires que Dieu m’envoie pour me montrer cela.

vendredi 25 octobre 2013

Je suis chrétien réformé, et donc catholique

Une appellation est souvent ambigüe. Je me comprends comme chrétien de la confession réformée, mais je suis bel et bien conscient du fait que d'autres Eglises, dont l'Eglise catholique romaine, n'ont cessé de connaître des réformes.

Le mot "catholique" comporte la même ambiguïté. Il est certes l'adjectif qui qualifie une Eglise particulière, très souvent l'Eglise catholique romaine et parfois l'Eglise catholique chrétienne. Mais il signifie avant tout l'universalité de l'Eglise : selon la conception géographique comportant l'idée de toute la création, et selon la conception de la totalité de l'enseignement préservé. Alors, quelle Eglise ne voudra-t-elle pas être catholique ? Ne croyons-nous pas, selon le symbole de Nicée-Constantinople (une des confessions de foi les plus partagées dans le monde entier), en l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique ?

Un ouvrage qui vient de paraître ouvre ce dossier à nouveaux frais mais dans une perspective résolument œcuménique : Vers une catholicité œcuménique ?, Fribourg, Academic Press, 2013 (vous pouvez en avoir un aperçu sur le site internet de la maison d'édition, en cliquant sur le titre du livre). Il s'agit des actes d'un colloque international qui a eu lieu il y a quelques années, et on dirait que la date de la parution est un clin d'œil à la 10e assemblée du Conseil œcuménique des Eglises qui débutera la semaine prochaine à Busan en Corée du Sud.

mercredi 16 octobre 2013

On ne sème pas la plante adulte !


"Terre Nouvelle" est un service qui fait le lien entre chaque Eglise en Suisse romande et les Œuvres des Eglises protestantes en Suisse. Le samedi 12 octobre, l'équipe "Terre Nouvelle" de la paroisse du Val-de-Travers a célébré un culte en présence des représentants de l'Eglise presbytérienne de l'Ile Maurice qui nous ont apporté des témoignages de leurs vies et projets de l'Eglise.

Voici la prédication prononcée à ce culte. Le texte proposé cette année par le service "Terre Nouvelle" se trouve dans l'Epître de Paul aux Corinthiens (1Co 15,37-41 : 37Et ce que tu sèmes n’est pas la plante qui doit naître, mais un grain nu, de blé ou d’autre chose. 38Puis Dieu lui donne corps, comme il le veut et à chaque semence de façon particulière. 39Aucune chair n’est identique à une autre : il y a une différence entre celle des hommes, des bêtes, des oiseaux, des poissons. 40Il y a des corps célestes et des corps terrestres, et ils n’ont pas le même éclat ; 41autre est l’éclat du soleil, autre celui de la lune, autre celui des étoiles ; une étoile même diffère en éclat d’une autre étoile.)

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Pour la jeune communauté chrétienne à Corinthe, à laquelle l’apôtre Paul a écrit le passage que nous venons d’écouter, l’idée de la résurrection causait apparemment des problèmes. Il y avait en effet des gens qui se demandaient avec quel corps nous allons être ressuscités. Entendons ici par le mot « corps », pas seulement cet aspect en chair et en os, mais tout ce qui fait un être humain en tant qu’une personne qu’on peut appeler par un nom (Julie, René, Francine, Kelly, Natacha...). Si je me permets de traduire la question qui a préoccupé l’Église de Corinthe et l’apôtre Paul il y a environ 2000 ans en langue moderne, voici une version possible : après la résurrection, est-ce que je serai toujours moi ? environ 1m60, myope, les yeux bridés, pas trop nul avec une raquette de ping-pong ? est-ce que je serai toujours ce moi, qui est enveloppé d’une grande bulle de souvenirs comme mon histoire personnelle et qui ne cesse de former de petits et grands projets pour demain, pour la semaine prochaine, pour l’été prochain, pour mes enfants, pour mes petits-enfants ?
Pour donner une réponse à cette question, l’apôtre Paul fait une comparaison avec le monde naturel. D’abord, il parle d’une plante et d’une graine, afin de dire qu’il s’agit de l’affaire de Dieu dans la question de la résurrection. Ensuite, il énumère la diversité dans la création.

Au cœur de cette analogie, il y a l’image d’une plante et d’une graine : on ne sème pas la plante qui va pousser, mais une graine. Le grain « meurt », comme on le disait à l’époque, pour qu’il y ait une autre vie. Nous ne pouvons pas exiger de Paul et ses contemporains l’étendue des connaissances botaniques que nous avons aujourd’hui. Intéressons-nous seulement à ce que l’apôtre veut dire par là. En effet, il s’oppose ici à une conception populaire à son époque concernant la vie et la mort. On pensait volontiers qu’il y avait un cycle de la vie et de la mort. Le monde est pendant un certain moment dans un déclin, vers la détérioration ; et quand il a touché le fond, il remonte vers l’amélioration, s’épanouissant jusqu’à son apogée ; et hop, il décline de nouveau, et ainsi de suite. Dans ce monde, un individu répète aussi le même mouvement : il arrive un jour dans ce bas monde ; il mène une vie, bon an mal an, mais en tout cas, avec toutes les limites et contraintes qu’un monde matériel lui impose, il va vers la mort ; la mort libère son âme de sa condition matérielle afin qu’elle remonte vers le monde du haut ; et hop, elle doit redescendre, et ainsi de suite. De nos jours, on a l’impression que cette ancienne conception cyclique de la vie et de la mort est de nouveau à la mode avec une touche un peu plus exotique qu’on appelle la réincarnation : à la fin de cette vie, ce que je suis serait incarné dans une nouvelle forme de vie, humaine ou autre.
Je n’ai jamais été mort, en tout cas en tant que Hyonou Paik que vous voyez maintenant. Je n’ai donc aucun moyen de vérifier si cette conception de la vie et de la mort est vraie ou fausse. Je n’ai aucun moyen concret pour convaincre qui que ce soit que cette conception est juste ou fausse. Mais avec l’apôtre Paul, je choisis de ne pas croire à cette manière de voir la vie et la mort, car dans le monde que je viens de décrire, il n’y a pas de Dieu. Plus exactement, nous n’avons pas besoin de Dieu. Le monde se suffit à lui-même. Je me suffis à moi-même.
Or, la vie, la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth, que nous reconnaissons comme le Christ, nous apprennent que nous ne sommes pas condamnés à ce cycle de la vie et de la mort. Nous ne sommes pas condamnés à répéter ce que nous sommes. Jésus, celui qui a voulu vivre jusqu’au bout le règne de Dieu, est mort sur la croix ; nous, les êtres humains, nous ne voulons pas que Dieu règne dans notre vie. Mais Dieu a ressuscité ce Jésus et dit par cet événement : « c’est cette vie-là que j’approuve ; c’est pour cette vie-là que j’ai vous créés ; c’est à cette vie-là que je vous appelle ». Vous vous souvenez de multiples récits qui racontent de l’apparition du Christ ressuscité : tombeau vide, disciples vers Emmaüs, pêche miraculeuse… Les disciples reconnaissent que c’est lui. Mais les récits qui en témoignent nous font entrevoir que, dans cet événement de la résurrection, la vie déborde de partout, au point que notre langage ne peut contenir cette explosion de vie en un seul récit cohérent.
Dans notre vie, il y a des moments où on fait une expérience de résurrection : une amitié qui naît d’un tas de cendre ; un sourire qui fleurit après une longue période de tristesse ; les arbres qui bourgeonnent au printemps ; un gâteau qui sort du four magnifiquement cuit malgré l’incertitude du cuisinier ; un cœur qui s’ouvre au pardon ; un élan de solidarité qui surgit au milieu d’un désastre ; une identité retrouvée mais différemment au bout d’un tunnel… Et vous, où avez-vous aperçu la dernière fois le signe du débordement de la vie malgré vous ? L’espérance chrétienne consiste à se réjouir dès maintenant de la résurrection que Dieu prévoit pour la création toute entière dans son royaume. Elle croit que ce que nous percevons comme des événements qui nous relèvent sont des préfigurations de la résurrection à venir. Nous nous reconnaitrons, nous serons toujours nous-mêmes. Mais nous porterons la vie pour laquelle Dieu nous a créés ; nous serons ce que nous sommes de manière vraie.

De ce point de vue, l’Église est le rassemblement de celles et ceux qui proclament et vivent cette Bonne nouvelle : que nous ne sommes pas condamnés à répéter ce que nous sommes. On ne sème pas la plante adulte. Je suis une graine à laquelle Dieu donne un corps. Nous sommes des semences avec lesquelles Dieu rend le monde riche en couleurs. 
Et c’est vrai aussi pour l’Église elle-même. Elle n’est pas une plante qui doit être semée pour repousser comme elle est. L’Église d’aujourd’hui n’est pas identique à celle d’hier ; l’Église de demain sera sans doute différente de celle d’aujourd’hui. La Bonne nouvelle, encore une fois, c’est que c’est Dieu qui s’en occupe. Nous, nous vivons cette Bonne nouvelle en nous réjouissant des petits gestes qui nous sont permis : répandre, en signe de surabondance, quelques petites graines de nos mains sur la terre.
Selon le terreau, la graine poussera avec telle ou telle forme, avec telle ou telle couleur. C’est Dieu qui s’en occupe. Nous ne sommes pas condamnés à cloner à l’infini les plantes de notre jardin. A l’île Maurice, Dieu cultive des Églises aux couleurs mauriciennes ; en Inde, des Églises aux couleurs indiennes. Ainsi, les préoccupations et les projets des Églises là-bas peuvent être différents des nôtres, mais nous reconnaissons que ce sont les Églises de notre Seigneur ; non pas « notre » mais notre Seigneur, le créateur du ciel et de la terre. Nous semons ensemble au nom du Seigneur. Notre Seigneur, c’est le Semeur qui est venu parmi nous pour devenir la semence de notre vie. Elle travaille déjà dans le sol. Nous sommes les semences de Dieu qui sèment à leur tour, dans la mesure de leurs moyens, les graines du Royaume à venir. Nous ne savons pas encore comment la Terre nouvelle sera, mais elle sera remplie de fleurs dont la beauté dépasse notre imagination. Nous serons ressuscités. Il est temps de le vivre.

mercredi 2 octobre 2013

Méditation sur Jérémie 31 (versets 1-6, 10-14 et 31-34)


Contexte : cette méditation – à deux voix – a été partagée dans le cadre d'un culte où on a apporté les échos d'un camp organisé quelques semaines auparavant ; il s'agissait d'un camp intergénérationnel.

(Julie)

« Jeunes et vieux se réjouiront ensemble, » nous dit Jérémie. « Ils affluent vers les biens du Seigneur, vers le blé, le moût et l’huile fraîche, vers le petit et le gros bétail. Ils se sentent revivre comme un jardin bien arrosé ». Se réjouir ensemble de la générosité d’un Dieu qui nous comble de ses biens, c’est certainement ce que nous avons fait lors de ces quelques jours. Je garde le souvenir de ces moments simples où nous nous sommes retrouvés dans le plaisir que donne un bouquet de fleurs fraîches harmonieusement disposées, un bon repas partagé dans l’amitié, une marche sous la pluie dans une forêt de hêtres parfois traversée d’un rayon de soleil, une histoire racontée au coin du feu de camp qui émerveille petits et grands.

Mais, dans la Bible comme dans notre vie, se réjouir des choses simples ne va pas toujours de soi. Dans le livre de Jérémie, les paroles que nous avons entendues sont une sorte de pause lumineuse dans un discours bien sombre. Désolation, ruine, malédiction : ce n’est pas pour rien qu’en français, la plainte est parfois appelée « jérémiade » ! L’histoire que raconte Jérémie semble traversée par le ressentiment. Dieu s’est senti délaissé par Israël ; Israël s’est senti abandonné par Dieu ; la rancœur à l’égard de l’autre, et parfois de soi-même, engendre violence et sentiment de culpabilité. Ce sont des situations que, je crois, nous connaissons tous : dans nos couples, dans nos amitiés, au travail ou dans notre vie d’église...

Heureusement, nous dit Jérémie, dans notre chemin avec Dieu, ces situations sont appelées à disparaître. Dieu propose un nouveau départ que Jérémie appelle la nouvelle alliance : « Je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, les inscrivant dans leur être ; je deviendrai un Dieu pour eux, et eux, ils deviendront un peuple pour moi » (31,33). Lorsque nous avons médité ce texte ensemble, un autre mot s’est imposé pour dire la même chose : celui de « confiance ». Jérémie nous invite à faire, à refaire confiance à Dieu au-delà des difficultés, comme Dieu nous fait et nous refait confiance sans relâche. Nous avons beaucoup parlé, autour de ce texte, du rapport aux enfants. Tous les parents présents ont dit deux choses essentielles : leur soutien inconditionnel à leurs enfants, et leur fierté de les voir grandir dans la confiance pour devenir, peu à peu, des partenaires. Dans la nouvelle alliance, Dieu nous donne son soutien inconditionnel ; il nous appelle à grandir dans la confiance et à devenir ses partenaires de celles et ceux qu’il nous donnes comme sœurs et frères. C’est un appel pour l’avenir, mais c’est aussi et déjà une réalité dont nous avons pu constater, pendant trois jours, qu’elle est bien présente et qu’elle est bonne.

(Hyonou)

« Un appel pour l’avenir mais déjà une réalité », vient de dire Julie. Cela me rappelle une question qui a surgi pendant la méditation du texte dans mon groupe : la promesse de Dieu décrite dans la prophétie de Jérémie, où en est-elle ? Elle parle du rassemblement de toutes les familles d’Israël marchant vers un avenir de fête, de l’épanouissement de tous, jeunes et vieux, de la transformation du deuil en joie, de la connaissance de Dieu inscrite dans le cœur de chacun, petits et grands. L’un des participants de mon groupe nous a fait remarquer que le sort du pays d’Israël aujourd’hui ne correspondait pas complètement à cette image d’un peuple renouvelé et rendu fidèle à Dieu ; un autre, que cette image ne correspondait pas au peuple chrétien non plus, qui marche à la suite du peuple d’Israël comme un messager parmi les peuples de toute la création.

La prophétie de Jérémie nous semble en effet décrire une facette de ce que nous espérons et attendons : le royaume de Dieu, ou le règne de Dieu. La « nouvelle alliance » qu’elle annonce ne signifie pas un simple renouvellement de l’alliance jadis conclue et, par malheur, brisée à un moment donnée, à l’instar d’un contrat de travail ou d’assurance qu’on signe ou qu’on annule selon les circonstances. Cette alliance est nouvelle car elle est la promesse d’une transformation radicale, qui arrivera à la fin des temps, de ce qu’on comprend, devine ou imagine concernant la relation entre Dieu et nous.

Quelles sont vos images du royaume de Dieu ? A votre avis, selon votre foi, comment iront les choses dans le royaume de Dieu à la fin des temps ? Un royaume de paix ? de justice ? de vie ? d’amour ? d’une vraie humanité ? Oui, sans doute, tout cela. Mais l’ennui, c’est que nos conceptions de paix, de justice, d’amour, d’humanité, sont multiples et divergent souvent, au point que nous provoquons même la violence au nom de la paix, l’iniquité au nom de la justice, la souffrance au nom de l’amour… Nous ne sommes pas encore dans le royaume de Dieu.

Mais nous devons affirmer en même temps que nous sommes déjà dans le royaume de Dieu. Nous sommes celles et ceux qui reconnaissent comme notre Seigneur celui qui a montré, par sa vie, sa mort et sa résurrection, que c’est Dieu qui règne dès ici bas, dès maintenant. De ce point de vue, l’Église n’existe pas seulement pour faire quelque chose pour le royaume de Dieu à venir, mais elle est là aussi – peut-être avant tout – pour le vivre. Ce que nous vivons comme joie, justice ou paix est l’avant-goût, le reflet du royaume de Dieu. L’Église est le rassemblement de celles et ceux qui espèrent quelque chose d’inimaginable à partir de cet avant-goût qui advient dans notre vie. Pendant le camp à Prêles, jeunes et vieux, en riant ensemble, je crois que nous avons vécu le signe du royaume à venir décrit par Jérémie. Petits et grands, en accueillant mutuellement, nous sommes appelés à être témoins de la fête à venir les uns pour les autres.

dimanche 9 juin 2013

Prédication pour le 3ème dimanche après la Trinité

Prédication d'"au revoir" à deux voix pour la fête d'été à Marsaz



Texte biblique : Luc 7,11-17


11Or, Jésus se rendit ensuite dans une ville appelée Naïn. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu'une grande foule. 12Quand il arriva près de la porte de la ville, on portait tout juste en terre un mort, un fils unique dont la mère était veuve, et une foule considérable de la ville accompagnait celle-ci. 13En la voyant, le Seigneur fut pris de pitié pour elle et il lui dit : « Ne pleure pas ». 14Il s'avança et toucha le cercueil ; ceux qui le portaient s'arrêtèrent ; et il dit : « Jeune homme, je te le dis, sois relevé ». 15Alors le mort s'assit et se mit à parler. Et Jésus le donna à sa mère. 16Tous furent saisis de crainte, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète s'est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple ». 17Et ce propos sur Jésus se répandit dans toute la Judée et dans toute la région. 

Julie : Quelle est votre assurance pour la retraite ? Ou, si vous êtes retraité, de quoi vivez-vous ? Avez-vous une assurance-vie ? Des actions ? Un plan d’épargne ? Avez-vous plutôt préféré investir dans l’immobilier ? Ou bien comptez-vous sur les cotisations ? Vivez-vous tant bien que mal d’une petite retraite ? Aujourd’hui, cette question ne concerne pas seulement les personnes en fin de carrière. Dès la fin des études, ou de la formation professionnelle, la perspective de la vie après la retraite fait des années de cotisation un enjeu crucial pour les jeunes actifs. Sans entrer dans les détails, un de mes grands soucis actuels, c’est d’avoir un emploi qui ne me permet pas de cotiser pour mes vieux jours. Et j’ai à peine 31 ans ! Les débats actuels sur la réforme des retraites suscitent déjà beaucoup d’inquiétudes. Alors imaginez-vous si, demain, la crise économique que traverse le monde empirait : les banques font faillite, le marché de l’immobilier s’effondre, les actions ne valent plus rien, et, d’un instant à l’autre, nous perdons tout. Nous voici sans aucune perspective d’avenir, sans aucun moyen de pourvoir aux besoins les plus essentiels.

Hyonou : C’est exactement ce qui vient d’arriver à cette veuve de la petite ville de Naïn. Bien sûr, la Bible ne nous parle pas de banques, d’actions ou de système de retraite - pour la bonne raison que toutes ces choses n’existaient pas en Galilée au temps de Jésus. Comme c’est encore le cas dans certains pays pauvres, l’unique assurance vieillesse était d’avoir des enfants qui pourraient prendre soin de leurs parents devenus âgés. En perdant son fils unique, la veuve a tout perdu : non seulement son mari, déjà mort depuis quelque temps, non seulement un enfant qu’elle aimait, mais aussi son seul moyen de survie. Elle est comme l’un de ces rescapés d’une catastrophe naturelle qui, en quelques secondes, n’ont plus rien : ni maison, ni famille, ni travail ; plus rien d’autre que leur propre vie et la terreur face à un avenir qui n’est plus un horizon plein de promesses, mais un horrifiant trou noir.

J. : Comme toutes les grandes catastrophes, le deuil de la veuve de Naïn provoque un élan de solidarité fragile où les autres habitants de la ville offrent ce qu’ils peuvent offrir, c’est-à-dire leur présence et leur compassion. Ils l’entourent et l’accompagnent jusqu’à la porte de la ville – le lieu qui sépare le monde des hommes et le monde des bêtes sauvages, le monde des vivants et le monde des morts. Au centre de ce cortège, il y a ce cercueil contenant ce fils unique : cet espoir à enterrer, cette amitié fanée avant d’avoir pu s’épanouir, cette force brisée avant d’avoir pu participer à la vie de la cité. Et chacun des membres de ce cortège funèbre peut s’identifier à la souffrance de la veuve : demain, cela pourrait être mon tour. Ce cortège pourrait aussi être le nôtre. Au fond, nous partageons une même conception de la vie et de ce qui en fait la saveur que les habitants de Naïn : des relations humaines épanouissantes, une famille aimante, un travail qui nous fait vivre et nous prépare une retraite confortable. Dans cette conception, même Dieu, lorsque nous sommes croyants, n’est qu’un des accessoires nécessaires à notre bien-être. Et nous aussi, nous vivons avec la perpétuelle crainte, non exprimée mais bien présente, de la perte, de la séparation, du deuil, parce que nous sommes conscients du caractère transitoire de ce que nous aimons et que sa fin inévitable nous apparaît comme la fin de notre propre vie. « Si tu mourrais, je n’y survivrais pas. » « Si je perdais mon travail, ma vie n’aurait plus de sens. » « Si j’étais atteint de telle maladie, j’aimerais mieux mourir que vivre la lente descente aux enfers de mon organisme. » Dans cette perspective, notre vie ressemble à ce cortège se dirigeant vers le rocher qui fermera la tombe de tout ce qui compte pour nous.

H. : Mais en face de ce cortège de mort, un autre cortège apparaît. Il traverse le désert et s’approche de la ville, venu de nulle part. Si l’on peut décrire le cortège de mort comme le cortège de ceux qui s’attachent à tout, sauf à Dieu, l’autre cortège qui vient à sa rencontre est composé d’hommes et de femmes qui ont tout abandonné pour suivre l’homme de Dieu. Répondant à un appel, ils ont quitté leurs proches, leurs villes, leurs synagogues ; ils ne possèdent rien ; ils vivent sur les chemins, ne sachant pas le matin où ils dormiront le soir ; quand ils ont faim, ils arrachent des épis de blé dans les champs et les mangent crus. (J’espère que la vie dans le Val-de-Travers sera tout de même un peu moins difficile.) Au centre de ce cortège se trouve, non pas un cercueil, mais Jésus : celui qui, au matin de Pâques, vaincra définitivement la mort. Imaginez-vous ces deux cortèges face à face, à la porte de la ville : le cortège de la mort et le cortège de la vie. « Ne pleure pas », dit Jésus à celle qui a tout perdu. Dans une telle situation, cette parole est profondément choquante. Vous connaissez sans doute le verset de Jérémie : « Dans Rama, on entend une voix plaintive, des pleurs amers : c’est Rachel qui pleure ses enfants, et elle refuse d’être consolée, car ses enfants ont disparu » (Jr 31,15). Ce verset aurait pu être écrit pour cette veuve. Et un inconnu vient lui dire : « Ne pleure pas » ! Rien n’aurait été plus incongru, plus déplacé que cette parole, si elle n’avait pas été suivie du geste inattendu de Jésus : il touche le cercueil, le cortège suspend sa marche, et l’inimaginable se produit. Sur l’ordre de Jésus, le mort se relève et il parle.

J. : Que vient de faire Jésus ? Il vient de faire quelque chose de beaucoup plus important que de ressusciter un mort. Il a, nous dit l’évangile, donné le fils à sa mère. La veuve n’est plus seule au monde et sans avenir. Pourtant, elle n’est pas simplement revenue à sa vie d’avant. Un aspect essentiel a changé. Elle ne peut plus continuer à vivre comme si son enfant n’était que sa « production » (le « fruit de ses entrailles », comme disent les Psaumes), l’unique membre de sa famille, son assurance vieillesse, le support sur lequel elle projette tous ses rêves d’avenir. Son enfant est désormais, avant tout, le don de Dieu. A travers ce don, la veuve reçoit son avenir différemment : ce n’est plus celui qu’elle avait imaginé et planifié, mais celui que Dieu lui donne comme une grâce. A travers ce don, sa relation à son fils passe maintenant par le Christ : à chaque moment où elle vivra la présence de son enfant comme un cadeau, là sera aussi présent le Christ, en qui la vie est plus forte que la mort. Ouvrons une parenthèse : pourquoi avons-nous été baptisés ? Pourquoi continuons-nous à demander le baptême de nos enfants ? C’est parce que, dans ce sacrement, nous reconnaissons que la vie qui naît n’est pas le produit de notre initiative, mais un don qui nous est confié. Nous aussi, un jour, nous avons été portés par un cortège de vie vers ce Dieu qui nous a offert à nos parents, à nous-mêmes, d’une manière nouvelle.

H. : Et il ne s’agit pas que du baptême, mais de toutes les dimensions de notre vie, par exemple la préoccupation concernant notre vieillesse, qui peut nous paraître éminemment profane. Nous avons un choix à faire : voulons-nous porter notre vie, avec toutes ses facettes, comme un fardeau à assumer ou comme un trésor qui nous aliène ? (Et souvenons-nous de l’avertissement que Jésus nous donne dans l’évangile de Matthieu [6,20] : « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ».) Ou bien voulons-nous, au contraire, la laisser toucher par la main de Dieu afin qu’elle nous soit donnée, à chaque moment, comme un cadeau inattendu ? C’est peut-être là le plus grand engagement de la vie chrétienne : ne pas aborder l’existence comme si elle nous appartenait, comme si elle n’était faite que de nos projets, nos relations, nos initiatives, nos visions d’avenir. Bien sûr, il doit y avoir des projets, des relations, des initiatives et des visions d’avenir dans nos vies. Mais gardons-nous de les vivre comme s’ils en étaient la finalité ; sinon, notre existence toute entière ne serait qu’un long cortège de mort se dirigeant inexorablement vers le tombeau. Nos engagements doivent être différents : ils ne sont pas les nôtres, ils sont ultimement les engagements de Dieu à travers lesquels nous recevons notre vie comme un cadeau. Dans l’évangile d’aujourd’hui, le cortège de la vie absorbe le cortège de la mort pour n’en faire plus qu’un. Et au centre de ce cortège se trouve le Christ, mort pour nous sur la croix, ressuscité pour vaincre la mort à jamais, qui nous donne nos existences et nous donne aussi les uns aux autres. Et la vie chrétienne consiste à participer à ce cortège de la vie qui engloutit définitivement le cortège de la mort. Faisons un pas pour entrer dans ce cortège de la vie - avec l’aide de Dieu !

Amen.